La mer et le vent

Ever wonder what it is like to work on a Wind Farm Construction Vessel ?

Read my interview, in French, of Tony, Master of Brave Tern, a vessel involved in the construction of several wind farms in Europe.

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Commandant d’un navire de pose d’éoliennes, c’est quoi ?

Tony Cato est commandant du “Brave Tern”, de la compagnie norvégienne “Fred. Olsen Windcarrier”. Il partage son point de vue sur la vie et le travail à bord d’un navire de pose d’éoliennes.

Tout d’abord, quelle formation avez-vous suivie ?
J’ai fait mes études au “South Tyneside Marine College” au Royaume-Uni, pour obtenir en 1997 mon diplôme de chef de quart. Conformément au cursus britannique, je suis retourné deux fois en cours, pour mon diplôme de Second puis celui de Commandant, obtenu en 2005.

Avez-vous commencé votre carrière sur des navires plus “classiques”?
J’ai d’abord travaillé pour Shell, à bord de différents types de navires-citernes, puis j’ai continué sur des pétroliers, mais au cabotage en mer du Nord. C’est là que j’ai été formé au Positionnement dynamique et que j’ai découvert l’offshore pétrolier. En 2009 j’ai fait mon premier embarquement sur un navire de pose d’éoliennes, et ça fait maintenant plus de 3 ans que je travaille à bord du “Brave Tern”.

Des formations spécifiques sont-elles nécessaires ?
En plus des “prérequis STCW”, nous devons tous suivre une formation sécurité spéciale, approuvée par la “Global Wind Organisation (GWO)”. Elle porte sur les techniques personnelles de survie, les procédures de transfert offshore et les méthodes de travail et de secours en hauteur. Comme nous faisons régulièrement des transferts de personnel par hélicoptère, nous avons aussi des formations sur les techniques d’évacuation d’hélicoptère en cas d’accident, qui consistent à simuler une évacuation en cas d’amerrissage forcé de l’hélicoptère. Fred. Olsen Windcarrier suit pleinement les consignes de formation de la GWO et dispose même d’un simulateur de pose/élévation au Danemark pour la formation du personnel spécialisé.

Les salaires dans ce secteur sont-ils plus élevés ?
Oui, en général ils sont supérieurs à la marine marchande traditionnelle. Cela s’explique par la demande en personnel spécialisé, ayant la formation et l’expérience nécessaires pour ce type de navires, comme par exemple les qualifications Positionnement dynamique, la connaissance des opérations de pose/élévation, ou une expérience du secteur de la construction offshore ou des colis lourds.

Concernant votre vie à bord. Quelle est la durée de vos contrats et comment s’organise le travail ?
Nos rotations sont fixées ainsi : 28 jours en mer et 28 jours de congés.
La plupart du personnel travaille par shift de 12 heures, mais en tant que Commandant, je dois m’adapter aux opérations. Il me faut par exemple être à la passerelle pour les arrivées et départs, accostages, mais aussi lors des opérations d’élévation (jack-up) et opérations au large en DP.

Comment se compose l’équipage ?
Les “marins” sont 28, pour les départements pont, machine (et électricité) et hôtellerie. S’ajoute le personnel du client, allant de 30 à 40 personnes. Ils sont responsables des travaux d’installation de la turbine. Moi je gère directement le personnel maritime, mais en tant que Commandant, je suis au final responsable de tout le personnel à bord, et ce en permanence.

A propos du navire. Quelques infos réglementaires d’abord, et ensuite des questions pratiques
Le Brave Tern est sous pavillon maltais. Il est classé « navire spécial » (SPS). Cette catégorie sert spécifiquement pour le transport d’un grand nombre de personnel non-marin, pour la construction offshore, par exemple. Ces gens-là reçoivent la formation de base en matière de survie et sécurité maritime et de ce fait, ils ne sont pas comptés comme des passagers. Cela évite qu’un navire de pose, avec beaucoup de monde à bord, soit considéré comme un navire à passagers, qui devrait répondre à d’autres types de règles beaucoup plus strictes.

Quels sont les certificats d’un navire de pose ?
En plus des certificats internationaux de sécurité classiques, il existe des certificats pour les équipements spécialisés, tels que le système auto-élévateur, le système de positionnement dynamique, et notre grue principale de 800t. Les règles à appliquer sont celles prévues par les sociétés de classification.

Combien de temps dure une mission ?
Tout dépend du projet. Pour de petites interventions et de l’entretien, cela peut être quelques semaines. Pour l’installation complète d’un parc éolien, il faut plutôt compter 6 à 12 mois, selon le nombre de turbines ou de fondations à construire. On voit maintenant des projets de très grande envergure se développer, avec plusieurs centaines de turbines pour un parc, et là il faut compter plusieurs années.

Quelle est la plus grosse difficulté à bord de ce type de navire ?
Le plus gros problème d’un navire de construction, c’est la météo. Les parcs que nous construisons sont dans des zones éloignées, à plus de 100 miles des côtes, là où les conditions météo sont mauvaises. Nous faisons tout notre possible pour tenir nos délais et garantir la sécurité et l’efficacité, mais comme nous avons en pontée des turbines ou des composants volumineux pour les fondations, nous devons respecter des critères très stricts limitant notre service par rapport aux conditions météo, que ce soit en transit, pendant les opérations DP, de pose ou d’installation.

Et pour finir, votre avis personnel sur ce métier ?
Ce que j’aime, ce sont les difficultés à surmonter et la diversité des tâches. Chaque projet est nouveau et différent, avec ses problèmes et défis particuliers. Et on voit sans cesse arriver de nouvelles technologies, inédites et passionnantes, qui renforcent la sécurité et l’efficacité du secteur industrie. Je trouve ça gratifiant d’être au cœur d’un secteur qui évolue si rapidement. Après plus de 5 ans dans ce métier, cela reste toujours impressionnant de voir un navire de 18 000 t soulevé par ses vérins à plus de 15 m au-dessus de l’eau, pour construire des turbines qui atteindront une hauteur de 150m.

Un conseil à ceux qui seraient tentés ?
Ce secteur est en pleine expansion car de plus en plus de pays cherchent à investir dans l’énergie éolienne. Dans ce métier, l’équilibre vie privée/vie professionnel est plutôt bon, car les contrats sont généralement en 1 :1 (même durée à bord qu’en congés) et les salaires sont attractifs. Pour un jeune qui serait tenté, je conseillerai de bien se renseigner sur les types de métiers et les compagnies disponibles, et de tirer profit au maximum des embarquements en tant qu’élève/stagiaire. Ce métier s’apprend plus à bord qu’en classe !

Publié dans le Hors-Série “Energies Marines Renouvellables” du Marin, 2015

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